

Temps de lecture : 3 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Lecture audio réservée aux abonnés
La République démocratique du Congo est officiellement entrée dans la dernière ligne droite avant les élections générales du 20 décembre. Les premiers signes de campagne étaient bien visibles tant dans la capitale, Kinshasa que dans les provinces ce dimanche 19 novembre. Mais sans même attendre ce jour, ces derniers mois, les poids lourds de l'opposition étaient sur le terrain pour aller motiver leurs bases, pendant que le président Félix Tshisekedi, candidat à un second mandat, multipliait les inaugurations vantant son bilan dans de multiples domaines.
La campagne est maintenant officielle et s'intensifie, avec de grandes réunions populaires, des caravanes, passages dans les médias, affiches et tracts portant les numéros attribués aux candidats par la commission électorale.
Félix Tshisekedi lui-même a vu les choses en grand dès le premier jour, avec un meeting au stade des Martyrs à Kinshasa, au maximum de sa capacité de 80 000 personnes.
Dans le même temps, un de ses principaux challengers, Martin Fayulu, haranguait les foules dans une province voisine.
Faire campagne en RDC, un vrai défi
Le 20 décembre, près de 44 millions d'électeurs inscrits, sur une centaine de millions d'habitants, sont appelés à élire leur président, mais aussi à choisir parmi 25 832 candidats aux législatives, 44 110 candidats aux élections provinciales et 31 234 aux municipales. Un record, souligne la commission électorale (Céni), se disant déterminée à organiser les élections en temps et en heure, en dépit des difficultés logistiques dans un pays de 2,3 millions de km2 aux infrastructures très limitées. « Il y a un agenda politique qui veut des élections dans les délais, mais il y a des doutes sur la capacité technique », relève Trésor Kibangula, analyste politique à l'institut de recherche Ebuteli.
« Sur le plan organisationnel, la Ceni n'inspire pas confiance », pense Sylvain Lesoye, un prêtre interrogé dans une commune périphérique de Kinshasa, qui évoque notamment la mauvaise qualité de cartes d'électeurs dont les inscriptions et photos se sont effacées.
« La Ceni sait que c'est un défi qu'elle doit relever, il y va de sa crédibilité », estime de son côté le politologue Jean-Luc Kong. « Ce qui fait peur, c'est la crise dans l'Est. » Les violences de groupes armés durent depuis près de trente ans dans la région, qui connaît un pic de crise avec le retour sur scène d'une ancienne rébellion (le M23), soutenue par le Rwanda voisin, qui s'est emparée de larges pans du Nord-Kivu.
À cause du conflit, deux territoires de la province ne vont pas pouvoir voter normalement, mais si la capitale provinciale, Goma, venait à tomber, c'est tout le processus qui serait compromis.
Les candidats dans l'arène
Le M23 « ne prendra pas Goma », affirme Félix Tshisekedi, qui a fait du retour de la paix une priorité, pendant qu'il s'engageait aussi à améliorer le quotidien des Congolais, diversifier l'économie, construire des routes et bâtiments publics, respecter la liberté de la presse et d'expression.
L'ensemble est mitigé, selon les analystes, catastrophique selon l'opposition, qui brosse un tableau très sombre de la situation et crie d'emblée à la fraude organisée.
Outre Martin Fayulu, qui affirme que la victoire lui a été volée en 2018, les principaux candidats de l'opposition sont Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 pour son action en faveur des femmes violées, deux anciens Premiers ministres.
Les représentants de cinq d'entre eux se sont réunis cette semaine en Afrique du Sud, pour étudier l'éventualité d'une candidature commune face au président sortant qui part favori, d'autant plus dans une élection à un seul tour.
Un programme commun a été adopté, mais par les émissaires de seulement quatre candidats, le camp Fayulu n'ayant pas adhéré au projet.
Sur l'intérêt de voter, les électeurs sont aussi partagés.