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LE POINT : Pourquoi cette double identité ? Difool pour l'animateur et David Massard pour le directeur d'antenne ? David Massard : Plutôt que directeur d'antenne, qui est mon titre officiel, je préfère celui de directeur artistique. Une radio, c'est un son, un programme et une image. Mon travail, c'est de tout faire fonctionner en synergie. Pour ce qui est du pseudo, lorsque je suis arrivé à Fun, en 1990, tous les animateurs avaient comme pseudo des noms de personnages de bandes dessinées. J'ai choisi Difool parce que j'aime bien ce personnage de Moëbius, un peu loser. Il a un grand nez, il est très mince... je suis un peu comme lui.
LE POINT : Il y a donc deux personnages : Difool, animateur un peu excessif...
David Massard : En fait, Difool, c'est tout ce que j'ai envie de faire dans la vie et que je ne fais pas par timidité. Mais cette timidité s'envole dès que je suis caché derrière un micro...
LE POINT :... et David Massard, directeur d'antenne, posé, réfléchi...
David Massard : Il n'y a là aucun dédoublement de la personnalité. Ce n'est en fait qu'un seul et même personnage. L'un est extraverti, parce que caché derrière un micro, et l'autre introverti, parce que c'est ma nature profonde. Je n'aime pas montrer mes sentiments, et je ne suis pas exactement excentrique. Cela ne me dérange pas que les gens ne sachent pas que je suis également directeur de l'antenne. Je ne fais pas ce travail pour être reconnu.
LE POINT : Bien souvent, la radio est un tremplin vers la télévision. Comment se fait-il que vous n'ayez pas encore votre émission ?
David Massard : Peut-être parce qu'on ne m'a pas proposé une émission qui me convienne. Et puis, je n'ai pas vraiment envie d'en faire. La télévision est un média trop lourd dans lequel on retrouve rarement cet état d'esprit, cet aspect familial que j'aime à la radio... Il y a trop de lourdeurs, trop de pesanteurs, trop d'impératifs commerciaux...
LE POINT : Imaginons qu'une chaîne de télévision vous laisse libre de concevoir votre propre émission, que feriez-vous ?
David Massard : Peut-être un magazine culturel, une émission sur la culture jeune... Parler de culture n'est pas forcement ennuyeux. On pourrait très bien concevoir un magazine qui traiterait des modes de vie, des faits de société... l'art, le cinéma, la musique...
LE POINT : Comment recevez-vous les critiques ?
David Massard : D'abord, ceux qui nous critiquent ne nous écoutent pas. Depuis plusieurs années, nous avons fait, à destination de notre public, bien plus que toutes les autres radios. Je ne citerai que la campagne de vaccination contre l'hépatite B, la prévention du sida ou encore la lutte contre toutes les formes de racisme. Ce n'est peut-être pas de la culture, mais c'est très important. Et puis, je ne laisserai pas dire que nous n'avons pas de souci culturel : nous passons de la musique, nous faisons découvrir des films, des artistes. On me répondra que la musique que nous diffusons n'est pas souvent française. Nous faisons avec ce que nous avons ! Quand AC/DC vient dans les studios jouer de la musique et dialoguer en direct avec les auditeurs, ce n'est certes pas de la musique classique, mais c'est de la culture. Après tout, c'est quoi, la culture ? Des tableaux classiques, et surtout pas contemporains ? De la musique classique, et surtout pas moderne ?...
LE POINT : Ça ne vous gêne pas qu'un animateur utilise un langage trivial à l'antenne ?
David Massard : Pas du tout. Nous utilisons tous ce langage dans la vie. Je suis persuadé que même des individus très hauts placés sortent des grossièretés...
LE POINT : David Massard dans quinze ans...
David Massard : Je n'en ai aucune idée. Je n'ai jamais eu de plan de carrière. J'espère être encore à Fun. Je suis vraiment très heureux ici. Je travaille avec des gens que j'aime, un boss qui me laisse carte blanche, ou presque. Je ne pense pas que l'on puisse trouver de telles conditions de travail dans toutes les entreprises