Pourquoi Google ne s’appelle pas Gogol ?

Cette sensation frustrante d'avoir sur le bout de la langue une date, le nom d'un film ou d'un acteur se termine souvent par une personne qui propose de « googliser » la réponse. Oui, ce verbe existe, en tout cas le dictionnaire Larousse l'a intégré dans sa liste, en proposant aussi « googler ». Les deux sont acceptés.

Le nom Google peut paraître étrange, mais ça aurait pu être pire, puisque le site a failli s'appeler « BackRub », qui se traduit littéralement par « massage du dos ». En janvier 1996, Larry Page et Sergey Brin, les deux cofondateurs du moteur de recherche, ont pensé à ce nom sans véritable explication derrière. Heureusement, les deux camarades de la prestigieuse école Stanford étaient suffisamment lucides pour se rendre compte qu'il fallait trouver un autre nom.

Le gogol, un chiffre délirant

Google tient en fait son nom d'un terme mathématique qui désigne un nombre très puissant : le gogol. Le gogol représente le chiffre 10¹⁰⁰, soit 1 suivi de 100 zéros. Le terme a été inventé par le mathématicien Edward Kasner en 1938 pour désigner une quantité plus grande que le nombre de particules élémentaires dans l'univers. Pour Edward Kasner, le terme « gogol » représentait bien le côté absurde de cette somme délirante. À LIRE AUSSI Le Bluetooth tient son nom d'un roi viking

Un jour, un ami des deux fondateurs propose de baptiser l'entreprise « gogolplex ». Comme si un gogol ne suffisait pas, un gogolplex représente le nombre 10 élevé à la puissance gogol, ce qui est hors d'atteinte des représentations mentales humaines. C'est tout simplement impossible d'écrire ce nombre sur une feuille de papier, car il contient plus de chiffres qu'il n'y a d'atomes dans l'Univers observable.

De 1 million à 1 milliard de dollars

Un tel concept a séduit les deux fondateurs de Google, car il symbolise parfaitement l'ambition du site : réunir un nombre incalculable de pages Web sur un moteur de recherche. Finalement, le mot fut abrégé en « googol », puis mal retranscrit en « google ». Une erreur d'orthographe qui vaut maintenant plusieurs milliards de dollars et que les deux camarades de Stanford ne sont pas près de regretter. Aujourd'hui, les chiffres qu'affiche l'entreprise Google sont délirants : 250 milliards de dollars de chiffre d'affaires, plus de 1 milliard de visiteurs uniques mensuel, 100 milliards de requêtes chaque mois…

Mais il y a bien une personne qui doit éprouver du remords en regardant les records réalisés par Google. Il s'agit de George Bell, ancien PDG de la société Internet Excite, à qui on a proposé d'acheter l'entreprise pour 1 million de dollars en 1999. Il a refusé l'offre. Le prix avait même été réduit à (seulement) 750 000 dollars lors des négociations, mais il était catégorique : pour lui, le coût était trop élevé.

Aujourd'hui, la valeur marchande de Google a dépassé la barre du milliard de dollars. On est loin du gogol de dollars, certes, mais difficile de ne pas s'en mordre les doigts.