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Le chien est le meilleur ami de l'humain, mais pas forcément celui du cycliste ou du joggeur. Nos fidèles compagnons à quatre pattes ont en effet une nette tendance à bondir sur nous lorsque nous passons à leur portée au-delà d'une certaine vitesse. Certains osent mordre. Lorsque la journée est vraiment noire, le propriétaire de l'animal ajoute cette phrase qui se veut rassurante : « N'ayez pas peur, il n'est pas méchant. »
Non, il n'est pas méchant. C'est un chien. Autrement dit, un mammifère placentaire, dont le dernier ancêtre commun avec les humains remonte à plus de 60 millions d'années, domestiqué depuis moins de 15 000 ans. Les chiens sont de vieux compagnons de route de notre espèce, mais l'évolution fait qu'ils perçoivent le monde différemment.
Les chiens ne distinguent pas le vert et le rouge
Conçus pour être vus de loin, au nom de la sécurité routière, les maillots de cyclisme sont vivement colorés, mais ce n'est pas l'offense au bon goût qui pousse un boxer ou un border collie à foncer. Sans voir exactement le monde en noir et blanc, les chiens perçoivent les couleurs sur un mode atténué, par rapport aux humains. Les études ont montré qu'ils distinguent bien le jaune et le bleu, mais très mal, voire pas du tout, le vert et le rouge. Un chien reconnaîtra le drapeau ukrainien, mais il verra le drapeau italien comme une tache blanche encadrée de deux taches sombres. Comme d'autres grands mammifères (sangliers, cerfs, etc.), il ne capte pas non plus la longueur d'onde que les humains voient le mieux de loin, et dont ils colorent leurs équipements de sécurité, l'orange.
Si ce n'est à la couleur, à quoi donc a réagi ce berger australien jailli du fond de sa cour de ferme, vous forçant à un sprint en cote ? Principalement, aux mouvements. Éthologue au département de psychologie animale du Barnard College de New York, Alexandra Horowitz a publié en 2009 un livre fort instructif, Dans la tête d'un chien. Sa lecture permet de se mettre à la place de l'animal. Expérience déroutante.
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux », disait Marcel Proust. Le chien vit dans la brume. Il se repère en croisant des informations issues de son odorat, infiniment plus performant que le nez humain, et des informations issues de sa vue. Celle-ci n'est ni pire ni meilleure que la nôtre. Elle est différente. Non seulement les chiens voient mal les couleurs, mais ils sont myopes et presbytes. La disposition de leurs yeux, sur les côtés, leur permet assez mal d'évaluer la profondeur, comme nous pouvons le faire grâce à notre vision binoculaire. En revanche, elle leur donne un champ de vue plus large que le nôtre.
Un myope qui voit très bien les mouvements
Mais surtout, les chiens voient les mouvements beaucoup mieux que nous. À partir de 24 images par seconde (vitesse de défilement au cinéma), notre cerveau reconstitue un mouvement fluide. La vision des chiens va bien au-delà, au moins jusqu'à 50 images/seconde.
La vérification expérimentale est facile. Si on pose une croquette marron sur un carrelage orange sous le nez d'un chien, sans geste brusque, il ne la verra pas. Il finira par la trouver, mais à l'odorat. Si on lance en l'air la même croquette, le chien est capable de l'avaler en plein vol. Restons encore un moment à sa place. L'irruption d'un cycliste à 30 km/h dans notre champ de vision est l'équivalent d'un brusque feu d'artifice. Tout baignait dans le flou, synonyme de calme et d'inactivité. Un objet en mouvement surgit et il se détache avec une netteté incroyable.
L'instinct du chasseur fait le reste. Le chien, descendant du loup, bondit par réflexe vers la cible. Il y a des nuances, liées à la race et à l'éducation. À domicile ou en promenade, sur la plage ou dans un parc, un chien de chasse non contrôlé court après tout ce qui bouge. Les chiens de garde (berger allemand, doberman, etc.), très territorialisés, ne laissent pas les inconnus entrer dans leur domaine. En revanche, ils seront moins enclins à foncer sur le premier véhicule qui passe, hors de ce qu'ils considèrent comme leur territoire.
Les chiens de troupeau sont à surveiller encore plus que les chiens de chasse. Très vifs, les border collies, malgré leur vive intelligence, payent un lourd tribut à la circulation routière ! Atténuer leur sensibilité aux mouvements sera une étape importante de leur éducation.
Simple et concis.
Souvent certains maîtres ne distinguent pas La couleur marron Sur Le noir Du bitume.
L’erreur grossière de courir après les cyclistes, à certains chiens agressifs, un constructeur britannique (je crois) avait eu l’idée de livrer ses machines au début du siècle dernier, avec un revolver (le « vélodog ») de calibre 6 mm… Une initiative qui n’a pas été développée… Allez-donc savoir pourquoi !