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C'est le genre de question que l'on n'ose pas poser au guide du musée devant toute sa famille. Pourtant, cette curiosité morphologique interpelle. Il faut dire que les pectoraux proéminents, les abdos sculptés et les jambes élancées des statues d'hommes de l'Antiquité dessinent des corps d'Apollon : tout est parfaitement proportionné sauf…. entre les jambes.
Dans les galeries des musées, les Grecs et les Romains se font d'abord remarquer par leur absence de pudeur : ils sont presque toujours nus. Cette habitude de représenter les hommes sans vêtements n'a rien à voir avec une érotisation des corps, mais vient d'une volonté de représenter la perfection, la vertu. Chez les Grecs, ce qui est beau est bon.
Le petit pénis, signe de modération
L'art antique célèbre le culte du corps et montre ainsi l'homme dans toute sa force. Les athlètes, par exemple, s'entraînaient au gymnase (« gymnasion » en grec, dérivé de « gymnos », signifiant nu) où les sports étaient pratiqués sans vêtements. « Les statues de dieux, de héros, d'athlètes et de rois grecs représentent le corps viril idéal selon les canons du moment », explique Christian-Georges Schwentzel, historien et spécialiste de l'Orient hellénistique. Bref, pas de tabou à l'époque, on célèbre le corps sans gêne.
À LIRE AUSSI Hercule et la mode des mollets d'acierMais revenons à nos pénis. Leurs tailles dénotent franchement avec les corps ostensiblement virils des statues. Le petit sexe correspond en fait à un idéal esthétique et moral pour les dieux, les héros et les athlètes grecs de l'Antiquité : avoir un pénis de petite taille est alors la marque des hommes sages, civilisés, qui savent se tenir et qui mettent davantage en avant leur esprit.
Mieux vaut être au repos
Si ces sexes paraissent petits, c'est aussi qu'ils sont au repos, précise Christian-Georges Schwentzel : « Ces hommes ne sont pas censés être excités, d'où leur tout petit pénis. Cela correspond à un idéal moral de modération que les Grecs et les Romains nomment la tempérance. L'homme dominant est censé maîtriser parfaitement ses émotions et ses désirs. »
Ainsi, Aristophane, célèbre dramaturge de l'époque, affirmait qu'en suivant ses conseils de sagesse, les hommes ne pouvaient avoir qu'un petit sexe : « Si tu fais ce que je te dis, et si tu y appliques ton intelligence, tu auras toujours la poitrine grasse, le teint clair, les épaules larges, la langue courte, les fesses charnues, le pénis petit. » Pas sûr qu'aujourd'hui cela convainque de l'écouter.
Un symbole à la fois « monstrueux » et « mystique »
À l'inverse, avoir un gros membre était souvent assimilé à la laideur, l'obscénité et la bestialité. Les satyres, les barbares germains ou encore les esclaves étaient affublés d'un pénis énorme dressé et dur comme du béton, preuve de leur décadence.

Cependant, dans l'art antique, on trouve également de nombreuses images de pénis en érection, non pour des raisons esthétiques, mais religieuses ou magiques. « Le gros sexe, phallus en érection, est tout à la fois monstrueux et bénéfique, religieux et mystique », estime Christian-Georges Schwentzel.
À défaut de trouver les gros pénis attirants, les Grecs et les Romains croyaient qu'ils pouvaient protéger du mauvais sort. Et l'historien d'ajouter que « c'est un épouvantail, un porte-bonheur, une amulette qui écarte le mal. Il sodomise symboliquement les puissances du mal ou le mauvais œil ». Astérix avait donc raison : ils sont fous ces Romains !
À savoir si les femmes de l'époque se basaient sur l'étalon centimétrique propre aux statues afin de choisir leurs partenaires ?... Encore eût-il phallus qu'elles eussent le choix.
Je viens de comprendre pourquoi ma compagne m'appelle "mon dieu grec" !
C'est beaucoup moins flatteur pour le coup ! :p
Parce qu'ils venaient de se laver à l'eau froide ?!