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Elle est la femme de tous les records et de tous les excès, la diva aux 200 nominations et 122 récompenses, la dernière grande chanteuse à orchestre, façon Broadway, et en même temps une véritable pionnière, réalisatrice de films à succès à une époque où les femmes étaient exclues du sérail hollywoodien… Avec My Name Is Barbra (Viking, 992 pages), des Mémoires en un seul (énorme) volume tout juste publié aux États-Unis, « la » Streisand, 81 ans, se raconte à la première personne.
On la croit maniaque du contrôle, dotée d'un ego démesuré ? Elle balaie les reproches, raconte ses vulnérabilités, sa peur des moqueries, les légendes du cinéma Walter Matthau et Gene Kelly qui la rabaissent sur le plateau de Hello, Dolly ! (1969), son trac paralysant… Et puis les blessures d'enfance : un père mort avant ses deux ans qu'elle croit retrouver lors d'une séance chez un médium (il la félicite pour ses succès), un beau-père qui ne lui dit pas un mot et une mère destructrice qui se rêvait chanteuse et ne supporte pas sa célébrité… « Après toutes ces années, les insultes me font toujours autant de mal et j'ai peine à croire aux compliments », confie Barbra dès le premier chapitre. En avant la musique !
La vérité sur le nez de Barbra Streisand
Comme celui de Cléopâtre, le nez de Barbra – dont le vrai prénom Barbara, pas assez « unique », disparaît dès son premier engagement au « Bon Soir », un club de Greenwich Village – obsède ses contemporains. Véritable « autel », selon le magazine Time qui la met en couverture dans les années 1960, il lui donne aussi l'air – toujours selon le même journaliste – d'un « chien de chasse ». Alors « suis-je une reine de Babylone ou un basset ? » s'interroge-t-elle dans le premier chapitre, « sans doute les deux (ça dépend de l'angle de la prise de vues) ». Attachée à la « petite bosse » au sommet de son nez, elle décide de ne pas le faire refaire malgré la pression de son entourage… Sa crainte ? Qu'une opération n'altère sa célèbre voix au vibrato parfait. Résultat : dans une série de succès au cinéma, dont la comédie romantique Nos plus belles années (1973) où elle forme un couple irrésistible avec Robert Redford, la Streisand impose sa beauté originale, loin des conventions des décennies précédentes.
Barbra Streisand, comment elle a été harcelée sur scène
C'est l'histoire la plus triste du livre qui nous transporte en 1964 à Broadway, où Barbra Streisand, avec son dynamisme scénique et sa voix spectaculaire, étincelle dans la comédie musicale Funny Girl. Inspirée de la vie d'une comédienne des années 1920, Fanny Brice, cette histoire est aussi celle d'un partenariat en amour et en affaires avec un homme peu recommandable… L'acteur qui hérite du personnage de Nicky Arnstein, joueur invétéré et grand buveur, s'appelle Sydney Chaplin (dans le film réalisé en 1968, le rôle reviendra à Omar Sharif). C'est le deuxième fils de Charlie, mais aussi un acteur expérimenté de Broadway.
Après une phase de séduction, Miss Streisand – qui est alors mariée à l'acteur Elliott Gould – exprime son désir de limiter la relation à son cadre professionnel. Chaplin, furieux, cherche dès lors à la déstabiliser sur scène, lui souffle des injures (« Les mots les plus orduriers », dit-elle) dans leurs scènes d'amour, dénigre en permanence sa façon de chanter et de jouer. « C'est comme ça que j'ai développé un trac terrible, raconte Streisand. J'oubliais mes répliques. Son comportement me déstabilisait complètement. » Le calvaire dure plus d'un an, car Funny Girl est un succès colossal. Après quoi, Barbra Streisand ne jouera plus jamais de comédie musicale sur scène.
La vérité sur sa relation avec Marlon Brando
Des nombreux soupirants célèbres – le prince Charles, le Premier ministre canadien Pierre Trudeau ou encore l'icône des années 1980 Don Johnson – qu'évoque Barbra Streisand dans son livre, c'est à Marlon Brando que revient la technique de séduction la plus brutale. Après une conversation intense, il lui déclare (préservons la VO) : « I'd like to fuck you. » Ce à quoi Barbra Streisand répond du tac au tac : « Quelle idée épouvantable ! » Brando rebondit aussitôt : « Alors, j'aimerais aller au musée avec toi. » Barbra se réjouit de le voir redevenir « romantique ». En fin de compte, après une échappée dans le désert et un massage de pieds, la relation entre Streisand et son idole de jeunesse tourne court.
« Une étoile est née » se fera sans Elvis
Proche de Judy Garland, dont elle admire la voix plus que tout, Barbra Streisand hésite – quelques années après la mort de l'actrice – à reprendre son rôle dans Une étoile est née (1954), celui d'une chanteuse prodige mariée à un acteur alcoolique qui finit par se suicider. Mais une idée de casting pique son intérêt : et si elle confiait le rôle joué par James Mason dans l'original à… Elvis Presley ? Avec son compagnon Jon Peters, Streisand se rend à Las Vegas où elle assiste à un concert du « King » puis le retrouve en coulisses. Il se plaint d'une « fille pénible dont les bavardages le rendent fou » et qu'il a envoyée « faire un tour »… dans son avion ! Découragé par les exigences financières du manager d'Elvis, le fameux « colonel » Parker, le tandem Streisand-Peters renonce à cette piste qui laisse entrevoir un tout autre film que celui finalement sorti en 1976 avec Kris Kristofferson.
Barbra Streisand et ses chiens clonés
Si My Name Is Barbra vise à donner une image de Streisand éloignée des excentricités dont la presse à scandale s'est longtemps fait écho, il y a un passage qui montre que les tabloïds racontent parfois juste ! Il concerne Sammie, petite chienne de race adulée par sa propriétaire : « Ses poils étaient bouclés, alors que ceux de la plupart des autres coton de Tulear sont lisses. Elle était différente, comme moi quand j'étais petite. Et Sammie était ma petite fille. » Quand Sammie meurt en 2017, la star contacte un laboratoire de clonage… et se retrouve avec trois clones parfaits de sa chère Sammie. Expérience moins apaisante qu'il n'y paraît : « On peut cloner l'apparence du chien, mais pas son âme. »
Quand on est «elle », on peut parler de soi et encore soi.
Par contre, vous lire ne semble pas relever d’un intérêt majeur…
C'est quand même un peu le principe d'une autobiographie
Dans l'air du temps : moi, moi et moi. Je ne lirai pas...