Ce film de cape et d’épée italien avec Jacques Perrin !

À Vincennes, « Au-delà de l’écran » restaure des œuvres de patrimoine invisibles depuis des lustres. Parmi les pépites de l’édition 2023 : « Le Chevalier à la rose rouge », inédit depuis 1966.

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Le Chevalier à la rose rouge, de Steno (1966)
Le Chevalier à la rose rouge, de Steno (1966) © DR

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Petit festival mais grande originalité : créé en 2016 par son délégué général Dominique Maillet et à l'initiative de Laurent Lafon, sénateur du Val-de-Marne (et président de la commission de la Culture, de l'Éducation et de la Communication à la Chambre haute), l'événement bisannuel Au-delà de l'écran, à Vincennes, propose au public de découvrir des films de patrimoine inédits ou pratiquement introuvables depuis leur sortie. Siège historique des usines Pathé dès 1896 et site des premiers courts métrages tournés par Charles Pathé voici plus d'un siècle, capitale du cinéma bien avant Hollywood, la ville de Vincennes souhaitait ainsi la création d'une manifestation jetant un éclairage sur ce glorieux passé cinématographique.

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Axée sur la thématique des acteurs français qui tournent à l'étranger (et donc du regard des cinéastes d'autres pays sur nos artistes tricolores), l'édition 2023, du 16 au 19 novembre, propose également des titres récents non distribués en France, qui seront projetés en présence de leurs comédiens. Patrick Bruel sera ainsi présent pour la projection, samedi soir en version originale sous-titrée en français, d'un film italien – Una Famiglia de Sebastiano Riso – dans lequel l'acteur-chanteur incarne un trafiquant de bébés ! Le public pourra aussi découvrir L'angelo dei muri de Lorenzo Bianchini, tourné voici trois ans par Pierre Richard dans la peau d'un homme menacé d'expulsion de son domicile. Là aussi un rôle de composition pour le comédien qui passera également une tête à Vincennes pour accompagner la projection du film.

Una Famiglia, drame italien avec Patrick Bruel
©  DR
Una Famiglia, drame italien avec Patrick Bruel © DR

Jacques Perrin en bretteur courtisan

Une quinzaine de longs métrages seront proposés au public durant quatre jours, principalement à l'auditorium Jean-Pierre Miquel, disposant d'une salle d'environ 300 places. Hormis la projection du Nom de la rose en version restaurée pour la soirée d'ouverture, le 16 novembre, les temps forts de cette cinquième édition s'articulent autour de deux curiosités plutôt stupéfiantes. Ce vendredi à 20 heures, les spectateurs pourront découvrir Le Chevalier à la rose rouge, film de cape et d'épée franco-italo-espagnol de Steno (de son vrai nom Stefano Vanzina), sorti en mai 1966 en France et plus jamais vu depuis. Alors dans sa fringante vingtaine, Jacques Perrin interprétait, dans cette adaptation d'un roman d'Alexandre Dumas père, le comte Henri de Verlaine, un courtisan amené à devenir un héros bretteur dans la France de 1789.

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En présence de Costa Gavras et des trois enfants du comédien disparu en 2022, la projection promet son pesant de surprises. « Jacques Perrin tient dans ce récit un rôle équivalent à celui de Jean-Paul Belmondo dans Cartouche et d'Alain Delon dans Zorro », résume Dominique Maillet, qui a mené une enquête digne de Sherlock Holmes pour retrouver les bobines du film, quelque part dans un laboratoire parisien. « Le négatif original se trouvait en Italie, mais j'ai eu accès à l'internégatif et l'interpositif (éléments dupliqués à partir du premier négatif, NDLR), ainsi qu'un négatif son. Soit trois boîtes de 600 mètres chacune, que j'ai fait scanner pour une remastérisation d'une qualité proche d'une restauration intégrale », poursuit le délégué général. « Je l'ai également fait sous-titrer et ce sera un très beau film à redécouvrir sur grand écran. »

Le Chevalier à la rose rouge (1966)
©  DR
Le Chevalier à la rose rouge (1966) © DR

Autre temps fort encore plus détonnant : la projection, samedi 18 novembre à 10 h 30, d'une version allemande de L'Opéra de quat'Sous, par Wolfgang Staudte. Une comédie musicale tournée en 1963 avec Sammy Davis Jr, Curd Jurgens et… Lino Ventura en chef de la police ! « J'ai retrouvé un fichier numérique du film à Berlin, je l'ai récupéré au bout d'un bon mois de négociation, puis je l'ai fait remastériser et sous-titrer en français. Ce serait formidable si un distributeur français pouvait, dans la foulée de cette présentation, décider d'en acquérir les droits ! » s'enthousiasme Dominique Maillet. Unique parenthèse musicale tournée par Lino Ventura, L'Opéra de quat'sous sera donc l'occasion de voir l'inoubliable héros des Tontons flingueurs donner de la voix – mais bien évidemment doublé dans la langue de Goethe, puisque la projection sera en version allemande sous-titrée.

Une comédie rare avec Alain Delon

Plutôt humble et médiatiquement discret, essentiellement financé par la ville et la région (sans subvention du CNC), Au-delà de l'écran est un peu éclipsé par le colossal Festival Lumière de Lyon (qui se tient un mois plus tôt dans la capitale des Gaules sur un créneau similaire). Mais il se distingue de son « concurrent » sur plusieurs points, selon Dominique Maillet : « On ne joue évidemment pas dans la même cour que Lumière. Nous sommes le petit Poucet à côté d'eux, mais notre festival est unique au monde : contrairement à d'autres qui font leur programmation en fonction des titres restaurés par les distributeurs et qui piochent dans le catalogue de ces derniers, nous allons chercher les films oubliés. On va fouiller ici et là pour entreprendre nous-mêmes les restaurations de ces pépites quasi disparues dont on a perdu la trace du matériel d'origine. Je remonte toujours la piste des ayants droit et j'essaie de localiser où retrouver, si possible, les négatifs originaux. »

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Dominique Maillet précise par ailleurs que sa manifestation tâche également, plutôt que de se limiter aux réalisateurs et acteurs, de donner la parole aux techniciens des plateaux (régisseurs, assistants-réalisateur, directeurs de la photo, chefs décorateurs…). Des personnes de terrain qui ont été les témoins privilégiés des tournages et dont les souvenirs précis s'avèrent souvent précieux. À son modeste niveau, Au-delà de l'écran espère ainsi contribuer à relancer la pérennité de certaines de ces œuvres exhumées. Parmi les autres raretés projetées ce week-end : Faibles Femmes de Michel Boisrond, une comédie noire franco-italienne avec Alain Delon, Mylène Demongeot et Pascale Petit, invisible depuis sa sortie en 1959. Autres temps forts du festival : une exposition consacrée à Alain Delon, une autre à Jean-Louis Trintignant et une troisième au photographe Luc Roux, ainsi qu'une ciné-brocante (une première). Bref : un événement sans tambour ni trompettes mais aux nobles missions et qui méritait bien un petit coup de projecteur !

Festival Au-delà de l'écran, du 16 au 19 novembre à L'Auditorium Jean-Pierre Miquel. Billetterie via le site ou sur place.

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Commentaire (1)

  • Beer4661

    Peut-on être sénateur et président d'une commision de la chambre basse (l'assemblée nationale si je ne m'abuse ?)