« Meurtres à… » : ces téléfilms de France 3 qui font trembler la concurrence

Depuis 10 ans, la collection de polars régionaux de France 3 a fidélisé un public, âgé en moyenne de 67 ans. Quel est le secret de cette réussite ?

Par Katia De la Ballina

Léonie Simaga (vue dans Je te promets) et Bruno Debrandt , l'ex-héros de Cain, mènent ce soir l'enquête.
Léonie Simaga (vue dans Je te promets) et Bruno Debrandt , l'ex-héros de Cain, mènent ce soir l'enquête. © France 3

Temps de lecture : 5 min

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« C'était un succès, c'est devenu un triomphe. » Anne Holmes, la directrice des programmes et de la fiction française de France Télévisions, ne cache pas sa satisfaction quant aux performances de la collection policière Meurtres à…, dont la Trois propose une rediffusion ce soir de Meurtres à Albi, ce samedi 18 novembre. Et pour cause ! Ces polars au bon goût de terroir ont réuni la saison dernière quelque 4,2 millions de fidèles (5,4 millions pour les inédits), hissant la chaîne en tête des audiences à 11 reprises (sur 18 épisodes), devant, entre autres, les apprentis chanteurs de The Voice. En 2020, Meurtres en Corrèze signait même un record historique en divertissant 6,8 millions de Français alors confinés.

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Une réussite remarquable en termes de résultats et de durée. En effet, depuis leur lancement en 2013, l'appétence du public pour ces enquêtes ne s'est jamais démentie : en moyenne, ils ont été 5,2 millions de fidèles à se délecter devant les quelque 60 épisodes diffusés… On pourrait s'en étonner, au vu de la facture extrêmement classique de ces téléfilms qui n'ont pas pour vocation de mettre les neurones en torche. Leur succès repose en réalité sur une recette parfaitement adaptée aux téléspectateurs de la chaîne publique. Petit retour aux sources.

Le crime est presque parfait

En 2013, les séries américaines règnent sans partage sur les soirées télé hexagonales. Les Mentalist et autres Castle dament le pion aux héros français : « À cette époque, la fiction ne fonctionne pas, mais le magazine Des racines et des ailes cartonne sur France 3, se rappelle Anne Holmes, qui en dirige alors l'unité fiction. Je suis partie d'un constat très simple, selon lequel les Français sont passionnés par deux choses : les paysages, et les histoires policières que je les voyais lire dans le train… Cette chaîne étant celle des territoires, je me suis dit : on va prendre la culture et les décors de la région, façon Des racines et des ailes, et on va tuer à l'intérieur. » 

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Proposé par la productrice Iris Bucher (à qui l'on doit les récents succès des Combattantes sur TF1 ou de Vortex sur France 2), Meurtres à Saint-Malo est diffusé le 23 avril 2013 : « C'était un unitaire, on ne savait pas encore qu'on allait le décliner. Mais il a séduit 4,8 millions de personnes. C'est l'une des premières fois où l'on battait Les Experts de TF1. Le truc le plus fou du monde… À partir de là, on a demandé aux producteurs de plancher sur une collection… » La feuille de route, ou plutôt la charte éditoriale, est précise : un meurtre lié à une légende locale, une région à chaque fois différente, un couple d'enquêteurs. Le tout sans violence excessive. Si l'un de ces éléments n'est pas respecté, l'épisode est débaptisé.

Le patrimoine d'abord

Dans les Meurtres à…, il s'agit donc d'abord de valoriser le patrimoine, et de mettre à l'honneur les spécificités d'une région, dans laquelle l'intrigue s'inscrit pleinement : « On envoie parfois les scénaristes sur place parce qu'on ne dîne pas à la même heure en Bretagne qu'à Marseille, parce qu'on ne dit pas la même chose dans les cafés à Strasbourg qu'à Lyon… » détaille Anne Holmes. Et les habitants ne sont pas bercés par les mêmes mythes, pierres angulaires du scénario. Après les pirates de Saint-Malo et les sorcières du Pays basque, les Meurtres à… se sont intéressés à la légende du Dahu de Cornouailles ou à la Dame blanche du Cotentin. De quoi rassembler devant le poste les habitants des régions concernées, ravis de voir leur culture mise en valeur à la télé, et les autres Français, curieux de découvrir de nouveaux contes et contrées.

Tous sont happés par l'enquête, dont le mobile reste « émotionnel », précise-t-elle. « J'entends par là que le crime est motivé par la vengeance, la jalousie ou la cupidité et n'est pas lié aux millions de la Mafia par exemple. »

Des comédiens populaires

Pour le résoudre, les Meurtres à… convoquent un duo d'enquêteurs – flics, consultants, historiens – « que tout oppose au départ, mais qui finissent par se rapprocher », explique la directrice de la fiction. « Cela nous permet de raconter une autre histoire que celle du meurtre et de traiter de sujets sociétaux, comme les conflits belle-mère, belle-fille, le deuil d'un enfant dans un couple, l'homosexualité, etc. ».

Autre élément du succès : le casting ! Le duo est en effet incarné par des figures connues du grand public : Bruno Solo, Cécile Bois (ex-Candice Renoir), Michèle Bernier ou encore Olivier Marchal, pour ne citer qu'eux, ont ainsi mené l'enquête aux quatre coins de la France : « Je revendique ce côté populaire. On a eu de la chance car très vite les comédiens sont venus », se réjouit Anne Holmes, qui a également invité des jeunes acteurs, notamment issus des feuilletons quotidiens, parmi lesquels Léa François (Plus belle la vie) ou Samira Lachhab (Demain nous appartient).

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Enfin, la collection s'appuie sur des producteurs très motivés… En effet, aucun, à l'exception d'Iris Bucher qui l'a initiée, ne peut produire plus d'un épisode : « Chacun est challengé pour ne pas faire de moins bons scores que celui qui l'a précédé. C'est un vrai enjeu pour eux. » Et la directrice d'ajouter : « Nous avons aussi une responsabilité économique du service public. On se doit de faire travailler le plus de monde possible et de découvrir de nouveaux talents… »

Si la formule reste efficace, elle n'en a pas moins un (tout petit) peu évolué au fil des années : « Nous prenons soin de cette collection. On doit sans cesse se renouveler. Les Meurtres à… se surveillent comme le lait sur feu. » Outre les mythes, les derniers épisodes ont donc invité dans les intrigues des figures culturelles telles que George Sand ou Jules Vernes. Et après avoir exploré des sites très touristiques, ils se sont tournés vers des territoires plus méconnus. La chaîne, qui a déjà mis en boîte six opus inédits, envisage ainsi de tourner à Saint-Pierre-et-Miquelon et à la frontière franco-belge. Les fans, en moyenne âgés de 67 ans, peuvent donc se réjouir, le crime régional a encore de beaux jours devant lui : « La collection ne donne aucun signe d'essoufflement. Meurtres à… fêteront leurs 20 ans ! » Rendez-vous dans dix ans…

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Commentaires (32)

  • Le Poulpe

    Même si on a souvent des rediffusions, j’aime plutôt bien cette série, d’un autre niveau que la Marleau…
    Jolies vues, acteurs corrects, intrigues parfois étonnantes, bref une série qu’on voit et revoit avec plaisir.
    Et avantage : pas de coupure pub !
    Sinon, j’aime bien les séries anglaises : Barnaby, Vera

  • DominiqueD2B

    Même si le côté bien pensant de ces séries (en particulier la prédominance des femmes sur les hommes) est un peu agaçant, même si le côté poncif régional est quelquefois un peu forcé, même si les intrigues sont quand même un peu répétitives, on regarde ces séries avec plaisir. Elle sont bien jouée, divertissantes et facile à suivre, ce qui n’est pas toujours le cas des séries policières. Bref, j’aime plutôt.

  • puzzle

    Simplement sur TF1 et encore plus sur M6 des rediffusions ou des copies d'émissions ayant un certain succès, dans les Pays anglo-saxons, ce qui n'est pas forcément une référence. Pour ceux qui le veulent il y a La 5 et Arte sur la TNT afin de relever le niveau...